L’établissement de santé connecté à son territoire : le défi du multicanal !

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Pour l’hôpital public comme pour la clinique privée, la question de son inscription dans le territoire et de la fluidité de ses échanges avec ses correspondants en ville est un véritable nœud gordien depuis des années. Le fameux « lien ville-hôpital » que d’innombrables initiatives réglementaires, numériques ou conventionnelles ont cherché à résoudre, sans succès d’échelle à ce jour.

Le recours à la Téléexpertise pour limiter les consultations non nécessaires

L’accès de la ville à l’expertise de second recours a ainsi été livré depuis plusieurs années aux bons soins quasi exclusifs de l’acte de Téléexpertise. Entré dans le droit commun en septembre 2018 au même moment que la Téléconsultation (Avenant 6 à la Convention Médicale), cet échange d’avis écrit entre médecins autour d’un cas patient est particulièrement séduisant sur le papier :

  • Traçabilité complète étant donné le support 100% écrit ;
  • Asynchronicité pour utiliser le temps “interstitiel” du médecin plutôt que de lui consommer du temps de consultation ;
  • Logique de sollicitation de groupe plutôt qu’individuelle, pour éviter au médecin requérant de multiplier les messages à X praticiens différents ;
  • Rémunération pour le requérant comme pour le requis (à partir du moment où cet acte est facturé, ce qui reste un point d’achoppement notoire).

Mais limiter la problématique d’accès au second recours au seul acte de Téléexpertise est aussi réducteur que limiter la Téléconsultation à l’accès au premier recours pour des patients qui veulent obtenir une ordonnance de Médecine Générale sans se déplacer (biais qui occupe tout autant l’espace médiatique que le premier !).

Et les chiffres ont tôt fait de le démontrer : alors qu’elle s’apprête à souffler sa cinquième bougie, la Téléexpertise n’a fait l’objet que de 42 000 actes facturés en 2022*. Alors que la crise du COVID-19 a été un détonateur pour la Téléconsultation dont les volumes ont été multipliés par 100 en quelques semaines, la Téléexpertise n’a curieusement pas bénéficié de ce “coup de pouce” du destin. 

*Source : https://assurance-maladie.ameli.fr/etudes-et-donnees/open-data-depenses-sante-soins-ville-2022

Pour une prise en compte holistique de la complexité des échanges ville-hôpital

L’apport de la Téléexpertise dans les cas où elle a été utilisée jusqu’à présent est indiscutable : ces 42 000  actes réalisés en 2022 sont indubitablement autant de consultations évitées, et de créneaux d’agendas libérés pour d’autres patients qui en avaient besoin. 

Mais s’intéresser à son insuccès d’échelle revient à constater ses limites : 

  • Le caractère asynchrone fait que le médecin requérant a bien souvent réponse à sa question le soir ou le lendemain ; son patient étant libéré depuis bien longtemps dans la nature avec sa lettre d’adressage ;
  • Le besoin de recourir à une téléexpertise arrive bien souvent du côté du médecin généraliste pour des cas patients dont la complexité dépasse sa propre expérience ou expertise, et le passage à l’écrit de toute cette complexité rend la transcription ardue ; les allers-retours se multiplient, toujours de façon asynchrone, là où bien souvent 2 praticiens se comprennent de manière fluide en quelques dizaines de secondes lorsqu’ils échangent à l’oral.
  • Le lien avec les autres outils du parcours de soins (adressage présentiel, téléconsultation, etc.) est bien souvent absent des plateformes spécialisées en téléexpertise, obligeant les praticiens à une rupture totale de parcours pour enclencher les étapes suivantes de prise en charge

A titre d’exemple, les équipes de soins de second recours qui ont pu être déployées ces dernières années par Medaviz à l’hôpital ou en ville montrent un taux de recours de 20% seulement à la téléexpertise ; 80% de l’activité de ces équipes reposant sur d’autres types d’actes (adressage direct sur créneaux réservés, échange téléphonique direct sur une ligne priorisée et sécurisée, téléconsultations assistées,…)

L’établissement connecté en multicanal aux équipes de soins de son territoire

Là encore, ces 20% de Téléexpertise sont essentiels car ils ont parfaitement répondu, et de manière particulièrement adaptée, à la problématique qui avait amené le requérant à choisir cet acte.

Mais ces expériences ont montré que, déployée seule, la Téléexpertise aurait laissé sur le bord de la route 80% des cas patients pour lesquels un autre canal a finalement été utilisé par les professionnels de santé : 

  • Appel téléphonique du médecin généraliste requérant qui souhaite un avis urgent pour un patient auprès de lui, et pour lequel il souhaite parler à un confrère;
  • Téléconsultation assistée pour venir en aide à une infirmière en difficulté lors de soins post-opératoires au domicile d’un patient;
  • Adressage en direct sur des créneaux réservés pour des établissements médico-sociaux adresseurs habituels de l’équipe de soins;
  • Etc.

Toute la difficulté réside donc dans le regroupement de ce multicanal dans un outil simple et intégré, là où les équipes sont déjà lasses de la multiplication des interfaces et outils numériques isolés, non communicants. 

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