Le premier bilan de la téléconsultation remboursée par l’Assurance Maladie est (moralement ?) inquiétant.

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Depuis le 15 septembre 2018, l’Assurance Maladie prend en charge le coût des téléconsultations au même titre que les consultations physiques. C’est une excellente nouvelle et nous ne pouvons que nous en réjouir : nous l’appelions de nos vœux dans notre lettre ouverte à Agnès Buzyn en janvier 2018 ! Le remboursement par l’Assurance Maladie de la téléconsultation est en effet une condition préalable à son développement. Il est d’ailleurs peut être à l’origine de certaines économies.

Il est trop tôt pour établir un premier bilan sur les aspects concrets de la téléconsultation : combien d’actes ont été réellement remboursés depuis le 15 septembre ? Très peu, c’est une certitude !

En revanche, il est intéressant d’observer le positionnement affiché des différents acteurs… et il nous laisse dubitatif. Certains souhaitent proposer un véritable supermarché de la téléconsultation : à coup de levées de fonds qui se comptent en dizaines de millions d’euros, ces intervenants cherchent à séduire les patients pour contourner le parcours de soins (et en particulier le médecin référent), en organisant la mise en concurrence des médecins pour obtenir une ordonnance.

Les techniques marketing sont empruntées à celle des activités marchandes du « customer (patient ?) centric » :

  • Large couverture presse avec des slogans volontairement ambigus et provocateurs : « satisfaits ou remboursés » !
  • Large diffusion sur les réseaux sociaux où les « stories » de bloggeuses témoignent de leur expérience formidable de téléconsultation…

Ce qui est parfaitement cynique dans l’affaire, c’est d’ignorer superbement l’avenant 6 signé entre les représentants des médecins et l’Assurance Maladie (et en particulier l’obligation de voir physiquement le patient au cours des 12 derniers mois).

On noie le poisson sur la notion de remboursement. Ce n’est pas grave : les patients vont payer ou les médecins se feront redresser par l’Assurance Maladie (à qui ils auront soumis des actes n’entrant pas dans le périmètre des actes pris en charge). Il s’agit de promouvoir la culture anglo-saxonne : la santé est un bien de consommation comme les autres !

Chez Medaviz, nous cherchons à promouvoir la téléconsultation en adéquation avec l’esprit de l’avenant 6 : nous développons un outil permettant d’améliorer le parcours du patient, sous le contrôle des médecins (et en particulier du « référent ») dans le parcours de soins coordonné et remboursé. Plutôt que de promouvoir une dérégulation totale du secteur de la santé, nous préférons encourager la téléconsultation dans un mode dégradé (sans obligation de passer par la visioconférence) pour permettre l’accès sur l’ensemble des territoires.

C’est notre modèle de médecine et de santé qui se joue actuellement sous nos yeux. Espérons que Nicolas Revel, directeur général de la Caisse National d’Assurance Maladie, et Agnès Buzyn, ministre de la santé, viennent siffler rapidement la fin de la récréation pour sauver notre modèle (certes imparfait) de solidarité du financement de la santé.

 

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