Bonne pratique numéro 6 : Désacraliser les objets connectés

Image de couverture de: Bonne pratique numéro 6 : Désacraliser les objets connectés

Pour favoriser l’adhésion au projet collectif, il est capital de se concentrer sur les besoins des professionnels de santé en premier lieu. Beaucoup d’entre eux n’ont pas l’appétence numérique permettant de développer les pratiques associées aux objets connectés. Et depuis la normalisation de la télémédecine en 2010, de nombreux exemples démontrent que les objets connectés créent de la difficulté.

 

Certes, l’abondance de données, constantes, images, etc. peut enrichir le déroulement de la téléconsultation assistée, alimenter le diagnostic et optimiser la prise en charge du patient. Cependant, ces objets complexifient énormément la télémédecine, pour les médecins comme pour les paramédicaux. Manipuler un stéthoscope en présentiel n’est en rien similaire à un examen à distance et son usage récurrent est beaucoup plus complexe que la démonstration ne le laisse présager.

 

Et pour revenir à la problématique centrale du temps médical, les téléconsultations mobilisant des dispositifs connectés durent statistiquement deux fois plus longtemps que les téléconsultations normales, ce qui décourage inévitablement les professionnels de santé.  Or, l’effort de participation demandé ne peut raisonnablement dépasser les bénéfices de confort d’exercice procurés.

 

C’est pourquoi, les objectifs de prise en charge et de libération de temps médical s’incrémentent plus rapidement en fluidifiant 80% des soins non programmés avec un dispositif léger – mobilisant le plus grand nombre – qu’avec un outil plus contraignant répondant à 20 % des besoins.

 

Encouragé ces dix dernières années, le recours aux objets connectés reste particulièrement faible au sein des EHPAD, comme le révèle Pierre Simon dans un billet du mois de juin 2020.

 

Toutefois, les objets connectés demeurent un champ d’expérimentation immense, avec à la clef un fort service médical rendu. Les progrès réalisés ces dernières années en matière de dispositifs, la mise en œuvre de standards d’interconnexions au niveau national, l’acceptation grandissante de la part des citoyens, devraient plaider pour la poursuite de l’encouragement de ces pratiques, complémentaires aux missions.

 

“La mise en place d’un système de téléconsultation est compliquée à assimiler. C’est astreignant pour certains, qui pensent devoir acquérir des compétences d’informaticien. Les objets connectés qui viennent en plus peuvent faire adhérer les geeks, mais peuvent faire fuir les autres.”

Docteur Joël Valendoff 

Médecin généraliste – Président MSP Faidherbe – Porteur de projet CPTS Paris 11

 

 

Pour en savoir plus : Co-écrit avec notre partenaire Easis, le livre blanc 2020 détaille 12 bonnes pratiques des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, illustrées par les témoignages des acteurs précurseurs de ces dispositifs.