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Comment la “slow” médecine améliore la prise en charge du patient

Dans un monde où tout s’accélère, la médecine n’échappe pas à la logique de vitesse. Face à cette tendance, un mouvement émerge depuis plusieurs années : la slow médecine, une approche qui propose de remettre le temps, l’écoute et la réflexion au cœur de la pratique médicale. Les bénéfices sont nombreux : sur la santé mentale du praticien, sur la relation soignant-soigné, mais aussi sur la prise en charge du patient. Et si ralentir permettait de mieux soigner ?

Dans ce nouvel article de notre dossier sur ce sujet, on vous explique l’impact positif de la slow médecine sur la prise en charge du patient et son observance au traitement. 

Retrouvez tous nos articles sur la slow médecine.

Intégrer la “slow” médecine dans sa pratique quotidienne

Pratiquer la slow médecine n’implique pas nécessairement d’allonger chaque consultation, mais de privilégier la profondeur et la continuité. Concrètement, cela veut dire :

  • Des rendez-vous un peu plus longs pour certains patients pour permettre d’expliquer et d’écouter, 
  • Des suivis réguliers et individualisés plutôt que des contacts ponctuels.

Une des conditions de réussite de cette démarche est de repenser la structuration de son agenda et l’organisation des ses journées.

”Slow” médecine et téléconsultation

La télémédecine n’est pas étrangère à la pratique de la slow. En effet, convertir certains rendez-vous en téléconsultation permet d’optimiser son temps de consultation sans impacter la relation soignant-soigné. Même si à première vue, la téléconsultation peut sembler éloignée de la slow médecine, elle peut devenir un formidable outil, à condition d’être bien intégrée. En effet, télémédecine et slow permettent de : 

  • Faciliter le suivi régulier et personnalisé, avec des rendez-vous plus fréquents mais adaptés au rythme du patient,
  • Préparer la consultation en amont, grâce au partage de données (dossiers, résultats, questionnaires de santé),
  • Favoriser la continuité de la relation : le patient peut contacter son médecin plus facilement, sans attendre une consultation en cabinet.

L’essentiel est d’adopter une posture de slow médecine, même à distance : écouter sans interrompre, prendre le temps nécessaire, ne pas réduire la téléconsultation à une simple délivrance d’ordonnance. 

Les bénéfices de la “slow” médecine 

La slow médecine favorise non seulement la santé des patients, mais aussi celle de ceux qui les soignent.

Pour les soignants

Du côté des praticiens, la slow médecine représente une bouffée d’air. Dans un fonctionnement souvent contraint par la productivité, prendre le temps de soigner redonne du sens au métier. Beaucoup de médecins témoignent d’une réelle satisfaction lorsqu’ils peuvent privilégier la qualité de la relation plutôt que la cadence des consultations.

Cette approche contribue aussi à la prévention du burn-out médical : moins de pression, plus de cohérence et d’alignement avec les valeurs profondes du soin. 

Pour les soignés

L’impact de la pratique de la slow médecine est immédiat et tangible chez les patients. Être écouté, sans précipitation, renforce la confiance envers son médecin et réduit l’anxiété liée à la maladie. La slow médecine permet également d’éviter la spirale de la surmédicalisation : traitements prescrits « au cas où », examens répétés mais peu utiles, hospitalisations évitables…

Aussi, un patient mieux informé et mieux compris adhère plus volontiers au traitement proposé. Il devient acteur de sa santé, plutôt que simple “destinataire” d’ordonnances. Cette approche réduit également le risque d’effets secondaires ou d’investigations invasives, au bénéfice d’une meilleure qualité de vie. 

La slow a un impact direct sur l’observance, c’est-à-dire la capacité du patient à suivre son traitement tel qu’il a été prescrit, ce qui, dans le cadre de maladies chroniques notamment, est un facteur clé de succès. La slow médecine favorise :

  • Plus de compréhension, moins d’abandon : en prenant le temps d’expliquer, de reformuler et de répondre aux doutes, le soignant rend le patient acteur de son traitement.
  • Une relation de confiance : même à distance, une présence régulière et personnalisée crée un climat favorable à l’adhésion.

Cette pratique de la médecine permet d’allouer un vrai temps à l’éducation thérapeutique et à la réponse aux questions.

La “Slow” médecine permet d’augmenter de 20 points les suivis de traitements

La relation médecin – patient est impactée de manière très positive par la pratique de la slow médecine. L’empathie, c’est-à-dire la capacité de se mettre à la place d’autrui pour comprendre ce qu’il ressent, est d’ailleurs une constituante essentielle de la slow médecine. Une bonne écoute du patient et une communication empathique permettraient même d’améliorer directement le traitement et l’efficacité des soins selon une étude récente1 . Lorsqu’un médecin est peu, voire n’est pas empathique, 40% des patients suivent le traitement. Avec un médecin très empathique, cette statistique passe à 60%.

Selon l’Association Médicale Canadienne2, l’empathie est essentielle parce qu’elle est bénéfique pour tous :

  • Les patients : quand ils se sentent écoutés et compris, leur satisfaction, leur observance du traitement et leur santé s’améliorent.
  • Les médecins : selon des études, l’empathie dans la prestation de soins aiderait les médecins à donner un sens à leur travail, réduirait leur risque d’épuisement professionnel et favoriserait leur bien-être.

La slow médecine nous rappelle une vérité simple : soigner ne se résume pas à diagnostiquer vite et prescrire beaucoup. C’est avant tout une rencontre, un échange, un temps partagé. Intégrée à la pratique médicale, y compris via la téléconsultation, elle permet de construire une médecine plus respectueuse du patient, mais aussi du médecin. En prenant le temps – même à distance – la médecine ne perd pas en efficacité, elle gagne en qualité.

  1. https://www.scopus.com/pages/publications/85107149982 
  2. https://www.cma.ca/fr/carrefour-bien-etre-medecins/contenu/empathie-medecine