Prendre le temps de prendre le temps. Ralentir le rythme. Se reconnecter à l’essentiel. Loin d’être une perte de temps, la slow médecine (ou slow medicine) est au contraire bénéfique pour la qualité des soins et la relation soignant-soigné. Popularisée par Victoria Sweet1 , professeure de médecine clinique à l’Université de Californie, et par le biais d’articles et podcasts, j’ai découvert il y a quelque temps les principes de la slow médecine, une médecine plus consciente, plus attentive, plus humaine, et, qui-plus-est, plus efficace ! Non pas une médecine “paresseuse” ou moins compétente, bien au contraire. Je l’ai d’ailleurs adoptée dans mon cabinet de médecine générale, mais aussi au sein du service de téléconsultation Medaviz en tant que directeur médical.
Disons stop à cette cadence intense !
Dans nos cabinets, nos services hospitaliers ou nos téléconsultations, le temps manque. Il manque pour écouter, pour réfléchir, pour expliquer. Nous sommes nombreux, professionnels de santé et soignants, à avoir le sentiment de faire de la médecine en courant. Et souvent, ce rythme effréné nous essouffle et nous éloigne de ce qui fait le cœur même de notre métier : la rencontre. La qualité du soin. La disponibilité au patient.
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Aux origines de la slow médecine
Née en Italie au début des années 2010, la “slow medicine” repose sur trois piliers : la sobriété, le respect et la justice. Elle propose une pratique qui refuse la surmédicalisation, qui respecte l’individualité des patients et qui s’attache à la pertinence plutôt qu’à l’exhaustivité. Cela implique parfois de dire non à un examen inutile, de différer une prescription, ou simplement de prendre dix minutes de plus pour écouter une inquiétude, une hésitation, un silence.
Les défis de la slow médecine
Cette approche se heurte à la réalité : consultations limitées à quinze minutes, injonction à la rentabilité, surcharge administrative. Il serait hypocrite de dire que la slow médecine est facile à appliquer partout, tout le temps. Mais elle reste toutefois possible, même par petites touches. Par des choix plus conscients. Par une posture plus humble et plus ouverte.
Une solution aux problématiques actuelles
Bénéfique à la santé mentale des soignants
À l’heure où le burn-out touche de plus en plus de professionnels de santé, il est primordial de lever le pied dans cette cadence folle, et de prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres. La slow médecine permet au praticien de se concentrer sur le cœur de son métier : le soin du patient. Elle offre une aération et permet de se concentrer sur l’essentiel et sur ce qui compte.
Une réponse à un système de soin en crise
La slow médecine n’est pas une utopie. Elle est une réponse concrète à un système en crise. Elle donne (ou redonne) du sens à nos pratiques et ré-humanise notre rapport au soin en replaçant le patient et le praticien au cœur de l’équation. Il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais de réapprendre à avancer autrement. Ralentir, ce n’est pas renoncer à l’efficacité. C’est refuser l’illusion que plus vite signifie mieux. Dans un monde d’immédiateté, la clé d’une médecine efficace ne se trouverait-elle pas dans la lenteur?
Et la télémédecine ?
Certains opposent slow médecine et télémédecine. En tant que directeur médical de Medaviz, mais également utilisateur de télémédecine, je ne partage pas cet avis.
Je pratique la téléconsultation au quotidien, et j’y vois un formidable levier pour maintenir un lien de qualité avec mes patients, pour assurer un suivi régulier, pour désengorger les structures surchargées. À condition, bien sûr, que cette technologie reste un outil au service de la relation, et non l’inverse.
Comment pratiquer la slow médecine ?
Dans sa série de podcasts dédiée à la slow medicine2, Dr Matthieu Cantet, médecin, auteur, podcasteur sous le nom de “Super Docteur”, donne des outils et techniques concrètes pour intégrer la slow médecine dans votre pratique : s’organiser, adopter une attitude corporelle et mentale, communiquer slow, pratiquer slow…
Pratiquer la slow téléconsultation de manière éthique avec Medaviz
Notre service de téléconsultation navigue à contre-courant d’une médecine consumériste. Bien que disponibles à toute heure, nos praticiens sont vivement encouragés à prendre le temps nécessaire pour chaque patient. Ce n’est pas parce que le patient veut obtenir rapidement une réponse à sa question médicale, qu’il veut une réponse à la va-vite.
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De nombreux praticiens, découragés de certaines pratiques, rejoignent notre équipe médicale et optent ainsi pour une télémédecine éthique, une prise en charge médicale de qualité et qui place la relation patient-médecin au cœur du dispositif de soin.
La slow médecine laisse une place prépondérante à la relation patient-médecin, à l’histoire du patient, à la qualité du soin, impactant positivement la qualité de la relation et de la communication, sans parler de la satisfaction professionnelle. En tant que médecin, je crois qu’il est temps de redonner à la lenteur sa juste place : celle d’un choix éthique, réfléchi, profondément professionnel.
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- Livre “Slow Medicine : The Way to Healing” de Victoria Sweet
- Série de podcasts de Super Docteur sur la slow medicine : https://podcast.ausha.co/super-docteur/1-2-15-principes-de-slow-medicine et https://podcast.ausha.co/super-docteur/2-2-15-principes-de-slow-medicine
Directeur médical & Médecin Généraliste. Diplômé de l’université René Descartes (Paris V). Après quelques années aux urgences, Nicolas s’installe au Brésil pour découvrir de nouveaux modes d’exercice de la médecine et relever de nouveaux défis. Il revient s’installer à Bordeaux pour y pratiquer la médecine générale. Aficionados de la télémédecine depuis toujours, il s’oriente vers Medaviz dont il devient Directeur Médical en 2020.
Vous pouvez retrouver la déclaration des liens d’intérêts de l’auteur du texte ici.